Gavroche, le Whippet italien, bien juché sur ses longues pattes, regarde d’un air incrédule Céline, humaine, qui lui explique gentiment, mais avec un certain stress qu’ils doivent se presser, car ils vont manquer le bus! Aujourd’hui, Céline a pris un rendez-vous chez le médecin vétérinaire du quartier pour l’examen de santé, la vermifugation et surtout, pour la vaccination du petit monstre aux longues dents.
« Mais pourquoi cette panique? », se dit Gavroche en regardant son humaine. « Avec un peu de patience, je lui enseignerai, moi, le calme et la relativité des Lévriers », pense-t-il. Il faut dire que tout bon lévrier, qu’il s’agisse du lévrier anglais (Greyhound), du lévrier afghan, du Borzoï ou du Chart Polski, incarne immanquablement et irrémédiablement le mot d’ordre suivant : toutes les raisons sont bonnes pour courir vite, très vite, même si on part à temps. De surcroit, ils demeurent d’un zen de fer envers et contre tout! Confortablement installé dans le sac à dos pour chien de Céline, comme l’exige la règlementation de la STM, section animaux de compagnie (En tout temps, l’animal doit se trouver dans une cage ou un récipient fermé dûment conçu à cet effet), Gavroche se retrouve en bus, puis en métro, pour se rendre à son rendez-vous.
Pourquoi tant de soucis pour vacciner un animal qui va rarement ou même jamais dehors?
La rencontre débute et très vite Céline et Gavroche sont inondés d’information très pertinente à propos des vaccins. Pertinente, mais aussi désorientante en raison de sa quantité et de sa spécificité phénoménale. Pour Céline, comme pour toute autre personne n’ayant pas de formation médicale, il peut être frustrant de se retrouver devant ce genre de situation, et avec raison. Afin de prévenir ce petit sentiment de panique qui se pointe possiblement en vous aussi lors des visites chez votre vétérinaire pour la vaccination, je vous suggère ici un petit résumé décrivant la raison d’être de l’inoculation vaccinale féline et canine.
Premier temps : La rage, une responsabilité sociale
Même en 2019, la maladie de la rage fait encore des siennes au Québec¹ et partout dans le monde. Elle se transmet notamment par morsure ou par un contact des muqueuses avec du sang infecté. Considérant son caractère mortel pour tous les mammifères atteints, incluant l’humain, il est fondamental de vous assurer que la vaccination antirabique de votre animal est à jour et dument renouvelée, même s’il ne va pas à l’extérieur. Une escapade impromptue d’un chat ou d’un chien non vacciné pourrait littéralement tourner au cauchemar si lors de son retour celui-ci vous croquait un orteil après avoir été infecté durant son périple.
Deuxième temps : Les zoonoses
Une maladie est dite zoonotique quand elle peut se transmettre de l’animal vers l’humain. Évidemment, même si l’amour des animaux nous anime et nous nourrit, il ne doit pas pour autant nous contaminer. Alors protégeons-nous en les protégeant eux-mêmes. La leptospirose, une maladie zoonotique grave du chien, provient d’une bactérie transmise suite à l’ingestion d’eau stagnante contaminée, peu importe son origine. Une flaque d’eau du centre-ville ou une de Saint-Sauveur-des-Monts porte le même potentiel de danger insoupçonné. Et gare à vous si toutou vous lèche ensuite le visage! Une vaccination annuelle protégera tout votre petit monde.
Troisième temps : La prévalence des maladies, fréquentes ou rares…
Certaines maladies comme le parvovirus du chien et la panleucopénie du chat restent encore de nos jours les grands responsables de milliers de décès en bas âge d’animaux non vaccinés. Efficaces et sécuritaires, les vaccins dits « Base chien » et « Base chat » sont pourtant disponibles partout. Celui de « Base chat » comprend la protection contre la rhinotrachéite infectieuse féline, le calicivirus, la panleucopénie féline; celui de « Base chien » comprend la protection contre le distemper, l’adnovirus, le parvovirus ainsi que le parainfluenza canin. Ils doivent être renouvelés environ aux trois ans pour maintenir leur efficacité.
Quatrième et dernier temps : Les autres afflictions
Pour le chat, il nous reste à mentionner le vaccin contre la leucémie féline, facilement transmise entre les chats et relativement répandue au Québec, de même que celui contre le SIDA félin, plus rarement rencontré. Pour le chien, le vaccin contre la toux de chenil sera essentiel pour toute villégiature en pension canine, et finalement, le vaccin contre la maladie de Lyme qui est de plus en plus fréquente au Québec et transmise par les tiques en milieu naturel.
Comme vous pouvez le constater, le rôle du médecin vétérinaire est, a priori, de protéger la population humaine contre la propagation des maladies animales ainsi que, bien sûr, celui de protéger et de soigner les animaux. En gardant cette perspective en tête, la vaccination de nos compagnons de vie prend tout son sens : les vacciner c’est aussi vous protéger!
¹Agence canadienne d’inspection des aliments, Cas de rage au Canada 2019.
Dre Sarah Annie Guénette
BSc Zoologie, DMV, PhD anesthésie et analgésie