Tous les protocoles ne se valent pas
Un constat important : les protocoles d’analgésie varient d’un établissement à l’autre
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle tous les hôpitaux vétérinaires suivent les mêmes normes, les protocoles d’anesthésie et de gestion de la douleur sont loin d’être uniformes. D’une clinique à l’autre, les pratiques peuvent varier considérablement, notamment en matière de préparation, de surveillance et de soulagement de la douleur post-opératoire.
Or, une anesthésie de qualité ne se limite pas à « endormir » un animal. Il s’agit d’un processus complexe, qui doit inclure l’inconscience, l’analgésie (suppression de la douleur) et le soutien des fonctions vitales avant, pendant et après la chirurgie.
Douleur consciente vs douleur inconsciente : une nuance essentielle
Lorsqu’un animal est placé sous anesthésie générale, sa conscience est suspendue… mais pas nécessairement sa perception de la douleur. Le cerveau, même endormi, peut enregistrer des signaux nociceptifs (liés à une stimulation douloureuse) si ces derniers ne sont pas bloqués à la source.
Sans une prise en charge adéquate de la douleur peropératoire, l’animal peut développer :
- Une sensibilisation centrale (augmentation de la réactivité du système nerveux),
- Des douleurs résiduelles ou fantômes,
- Une transition vers une douleur chronique.
C’est pourquoi les interventions chirurgicales doivent impérativement inclure des mesures spécifiques d’analgésie, avant, pendant et après la procédure.
Les bases d’un protocole d’analgésie chirurgicale complet
Un bon protocole de gestion de la douleur chirurgicale comprend trois volets :
- Avant la chirurgie (préemptif)
- Administration d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), idéalement COX-2 sélectif.
- Ajout d’un analgésique opioïde, comme le tramadol ou la buprénorphine.
- Pendant la chirurgie
- Maintien de l’anesthésie générale avec un agent gazeux (isoflurane ou sévoflurane),
- Médication multimodale incluant :
- Un opioïde efficace (à éviter : butorphanol, peu analgésique),
- Une kétamine (effet dissociatif et analgésique),
- Un alpha-2 agoniste (sédation + effet antalgique),
- Une benzodiazépine (type valium),
- Bloc loco-régional (ex. : injection d’anesthésique local sur les nerfs ou à l’incision),
- Intubation avec perfusion intraveineuse pour le soutien des fonctions vitales.
- Après la chirurgie
- Administration d’AINS pendant au moins 4 jours à domicile,
- Possibilité d’ajouter un analgésique complémentaire (buprénorphine chez le chat, tramadol chez le chien),
- Suivi de l’évolution de la douleur à la maison.
Zoom sur les chirurgies dentaires et les douleurs fantômes
Certaines procédures nécessitent une attention particulière, comme les extractions dentaires ou le dégriffage (aujourd’hui interdit).
Chez le chat, par exemple, l’absence d’insensibilisation locale lors d’un dégriffage peut provoquer une douleur de membre fantôme persistante, liée à une stimulation excessive des nerfs sectionnés.
Même constat pour les chirurgies dentaires : sans bloc dentaire, la douleur est bien présente à la sortie de l’anesthésie, avec un risque de douleur chronique buccale. L’injection locale est donc essentielle pour toute extraction.
Questions à poser avant une chirurgie
En tant que propriétaire, vous avez le droit (et même le devoir) de vous informer sur les pratiques de la clinique que vous choisissez. Voici une liste de questions-clés :
- Mon animal recevra-t-il un anti-inflammatoire avant la chirurgie ?
- Un opioïde efficace sera-t-il utilisé pendant et après l’intervention ?
- L’animal sera-t-il intubé avec administration de gaz anesthésiant ?
- Un bloc loco-régional sera-t-il réalisé (testicules, ligne d’incision, nerfs) ?
- Mon animal recevra-t-il une perfusion IV avant, pendant et après l’intervention ?
- Un traitement post-opératoire de minimum 4 jours sera-t-il prescrit ?
- Ai-je la possibilité de recevoir une injection complémentaire (tramadol ou buprénorphine) à la maison ?
Ces éléments sont autant d’indicateurs de la rigueur et du professionnalisme de l’établissement vétérinaire.
Conclusion
Tous les protocoles ne sont pas créés égaux. Une gestion rigoureuse de la douleur chirurgicale ne devrait jamais être une option. Elle est un élément fondamental de la médecine vétérinaire moderne, garantissant le bien-être animal, une récupération optimale, et la prévention des douleurs chroniques.
👉 En cas de doute, n’hésitez pas à poser des questions à votre vétérinaire. L’équipe WIZOO est là pour vous accompagner dans ces choix déterminants pour le confort et la santé de votre compagnon.