Ah l’hiver! Dans le cycle des saisons, l’hiver au Québec occupe une place particulière. C’est souvent un temps de ressourcement, de réflexions, de retrouvailles en famille, de joutes de cartes enflammées, mais surtout, un holà magistral aux différents parasites des animaux. En effet, lorsque les températures polaires s’installent, certains animaux hibernent, d’autres hivernent et finalement, certains irréductibles qui ont su développer toute une gamme de protections aux grands froids, restent actifs l’hiver.

Double et même triple poils; duvet, plumes et substances hydrofuges; couches adipeuses monstrueuses; ajustements comportementaux et métaboliques pour conserver et produire de la chaleur… la variété d’astuces de la nature qui permettent à ces animaux de survivre aux grands froids est proportionnelle à la multitude d‘individus qui la constitue. Les insectes n’échappent donc pas à la règle et rivalisent d’adaptations pour survivre aux températures hivernales. C’est le cas, entre autres, des tiques, lesquelles dégèlent et reprennent leurs activités dès que la température atmosphérique passe le cap du 4 degrés Celsius. Même ensevelie sous la neige en plein mois de décembre, la tique grimpera hors de la neige jusqu’au bout de son brin d’herbe dans le but de se nourrir. Et si Fido passe par là, il agira comme un repas livré à la maison et pourrait du coup contracter la maladie de Lyme en plein hiver.

Les temps changent. Le temps aussi.

Historiquement, l’hiver agissait comme une purge ou tout au moins comme un temps d’arrêt pour plusieurs parasites. Il nous permettait de ne plus nous soucier de ces envahisseurs pendant un minimum de cinq mois par année. C’est que, durant la saison froide, on ne s’inquiète plus des puces, des vers intestinaux, des tiques ou des moustiques, car la plupart passeront l’hiver en dormance au stade de larve, d’œuf ou d’adulte bien congelé. Mais attention, ce qui s’appliquait du temps de nos grands-parents subit depuis le début du XXe siècle un changement grave. J’entends par là le réchauffement planétaire.

C’est ainsi qu’au rythme des années de faste climatique, une petite envahisseuse tout particulièrement dangereuse s’est introduite progressivement au Québec et dans certaines autres provinces du  Canada : la tique du cerf (Ixodes scapularis)¹. Porteuse de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi sensu stricto), elle peut infecter tous les mammifères tels que les chiens, les chats, les cerfs, les souris et… les humains, causant une gamme impressionnante de symptômes qui peuvent aller de simples douleurs articulaires à une défaillance rénale et même une encéphalite.

[1] Ixodes sacularis porteuse de la maladie Borrelia burgdorferi sensu stricto

Comment ça se rend jusqu’à l’humain?

Au cours des dernières années, la prévalence de la maladie de Lyme chez les chiens non vaccinés dans les régions où elle est présente est passée à 75 %[1], atteignant par le fait même une des premières places au palmarès des maladies infectieuses canines. Entendons-nous bien, la tique du cerf au Québec est le seul organisme capable de transmettre la maladie de Lyme. Donc, vous ne pouvez pas attraper cette maladie par le biais de votre chien ou de votre chat, elle n’est transmise que par la tique elle-même. Par contre, les chiens et les chats peuvent aisément servir de « transport » à une tique infectée et, par exemple, l’amener dans votre cour où vous et votre famille pourriez jouer dans l’herbe sans suspecter la présence de l’envahisseuse.

Alors, d’abord, il n’y avait autrefois au Québec presque pas de tiques en hiver, c’était trop froid. Ensuite, la saison s’est considérablement étalée sur le calendrier. Il est maintenant fréquent de constater en plein décembre des températures de 10 ou même de 15 degrés Celsius. Ainsi, la saison de lutte contre les tiques s’étend dorénavant de mars à décembre, nous laissant un maigre répit de deux mois (janvier et février) sur les cinq mois historiquement pourvus de conditions hivernales.

La lutte contre cette maladie s’effectue donc en deux temps : primo, par la vaccination annuelle de votre chien contre la maladie de Lyme et secundo, par l’élimination des tiques en tant que telles par l’administration de produits anti-tiques à votre chien et chat durant au minimum 10 mois par années. Mon conseil : protégez votre famille en protégeant votre chien et votre chat. Parlez-en à votre équipe médicale WIZOO qui vous guidera dans vos choix de protection.

² Stafford, Kirby C. Tick Management Handbook. The Connecticut Agricultural Experimentation Station. Automne 2007.

Dre Sarah Annie Guénette

BSc Zoologie, DMV, PhD anesthésie et analgésie

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